Rencontre avec Jeanpascal FEVRIER

Workshop peinture / mardi 4.11.25 ; lundi 24 et 24.11.25

Vue de l’atelier de Jeanpascal Février

https://www.art-critique.com/2024/07/les-portraits-de-jeanpascal-fevrier

Né en Belgique en 1969, Jeanpascal Février vit à Paris. Son œuvre a été montrée dans de nombreuses expositions dans ces deux pays, notamment à la Galerie Bernard Jordan et à l’AhAh de Paris et à l’espace Flux de Liège. Dans son atelier d’Aubervilliers, il poursuit une réflexion sur la peinture, à travers, notamment, la réalisation de portraits.

Orianne Castel : Vous avez commencé à exposer il y a une dizaine d’années ; à quand remonte le début de votre pratique et par quoi, par quel geste, par quelle question, avez-vous débuté ?

Jeanpascal Février : Je peignais auparavant, mais j’ai débuté une pratique plus expérimentale il y a une dizaine d’années. C’est en 2013-2014 que j’ai montré des premières recherches. Cette pratique de la peinture a débuté par la référence historique, par la citation, ce que j’évite de faire aujourd’hui. Je peignais en citant des œuvres de Pablo Picasso, de Piet Mondrian et de Umberto Boccioni. Chez Picasso, je m’intéressais aux portraits d’un cubisme agressif de la fin des années trente, je les copiais pour les déstructurer à des fins d’en faire autre chose. Chez Mondrian, j’aimais ses tableaux constitués de « + » et de « – » réalisés de 1912 à 1917. Je déplaçais ces éléments pour créer des compositions autrement « minimales ». Par ces références tutélaires, j’affirmais paradoxalement un besoin de singularité. C’est que l’œuvre historique nous enseigne tout autant le point de départ que l’ouverture comme dimension inconnue au fait de peindre. Enfin, je faisais référence à cette sculpture d’Umberto Boccioni, intitulée Formes uniques dans la continuité de l’espace, de 1913, ou L’Homme en mouvement dont la beauté féminine et masculine est pour moi d’une ambivalence exemplaire. Par ces œuvres de citation, il me plaisait de faire de la copie et du déplacement le moteur de la recherche, pour signifier sans doute que la création en est toujours plus ou moins dépendante. Ces trois artistes, de mon point de vue, expriment les orientations du XXe siècle ; Picasso incarnerait la figure de « l’iconoclaste », Mondrian, celle du « scientiste » et Boccioni, celle de « l’idéologue ». Pablo Picasso sera le premier à déconstruire la représentation humaine sans vergogne. Dans ses Écrits français, Piet Mondrian envisage que la peinture peut se réaliser autrement, à travers l’architecture, le design, au service du social. Quant à Boccioni, il sera le théoricien du futurisme, empreint d’idéologie, dont le radicalisme versera nombre de ses amis dans le fascisme mussolinien. Je déplore aujourd’hui combien l’idéologie l’emporte sur le politique et ouvre à nouveau des perspectives funestes.

Copie #47, technique mixte sur feutre et bois, 70 x 100 cm, 2018