Rencontre avec Pierre GAIGNARD

Workshop Entre trace, image et empreinte pour une création sonore /jeudi 18 et vendredi 19 janvier 2024

Tenero tevere, 2022, installation & liqueur, plantes sauvages, macérations, herbiers, alcool 95°, acier, verre et plastique keykeg, 500x250x250 cm
Vue de l’exposition “Ante Operam”, Palazzo Marescalchi Belli, Rome, juin 2022, cur. Isabella Vitale, Pianobi. Photo: Eleonora Cerri Pecorella / avec l’aimable autorisation de l’artiste

Tenero Tevere est un amaro (liqueur amère italienne) fait avec les plantes, les racines et les écorces d’arbres qui poussent le long du Tibre à Rome. Elle est servie fraîche avec un glaçon dans une installation-laboratoire
éponyme. Les éléments qui la composent sont les témoins de la production : macérations dans des fûts de bière transparents, herbiers dans le double-vitrage des fenêtres, alcool pur, plantes sèches, casseroles et plaques chauffantes. La recette de Tenero Tevere est secrète – comme pour beaucoup d’autres liqueurs. Cet amaro du Tibre a été élaboré avec l’aide d’une ethnobotaniste qui souhaite restée anonyme.

Pierre GAIGNARD

Si le travail de Pierre Gaignard s’apparente à une ethnologie sauvage, c’est avant tout parce que ses films, sculptures, ou performances, sont des objets d’études qui ne prennent pas de distance à l’égard de leur sujet : lorsqu’il s’intéresse par exemple au rap d’Atlanta, il le fait sur un mode documentaire qui se charge d’une énergie capable de traduire l’absorption maximale de ce que cette musique transmet. Ainsi, la magie et le rituel ne sont jamais loin de sa pratique, tant il s’agit de créer les conditions d’une cosmogonie personnelle où les big data rencontrent les bals populaires, où la technique est heureusement dévoyée au service du barbecue. Pierre Gaignard assume une esthétique du bricolage qui n’a rien de rétro mais ouvre sur une poétique dystopique où le jus de viande est l’égal d’une peinture abstraite. Son chamanisme urbain (qui prend souvent place dans le contexte de l’admirable Wonder) est l’expression d’un vitalisme schlag, soit l’un des moyens de faire résistance à l’ordre capitaliste dans sa capacité dansante à investir des formes en déshérence. Son programme peut se lire alors comme le fait de prendre soin de la mauvaise herbe. (Fabien Danesi, 2018)
Pierre Gaignard est artiste et chercheur.  Il est co-fondateur du Wonder, artist-run-space parisien, et est représenté par la Galerie Éric Mouchet à Paris. Il est aussi doctorant au sein du groupe de recherche « Effondrement des Alpes » porté par l’ESAAA à Annecy. Depuis 2010, son travail est exposé en France comme à l’étranger (Italie, Corée du Sud, Etats-Unis, Suisse, Lituanie, Allemagne, Espagne).

http://www.pierreg666.xyz/

Performance de Pierre GAIGNARD

https://www.arte.tv/fr/videos/085905-003-A/pierre-gaignard/